Journal of the International Law Department of the University of Miskolc


Miskolc Journal of International Law

Miskolci Nemzetközi Jogi Közlemények

 

Vol. 1. (2004) No. 2. pp. 121-132.

 

Tibor TAKÁCS[1] :

La Transylvanie et la lumière du croissant : protectorat ou souveraineté?

 

Introduction 

Il n’est pas très facile de déterminer la position particulière de la principauté de la Transylvanie au moyen des termes traditionnels du droit international et également du droit constitutionnel, puisqu’il s’agit, dans ce cas, d’un protectorat spécial. Dans un sens général, on comprendre par la notion « protectorat » un rapport juridique conventionnel entre deux Etats, dans lequel l’Etat protégé abandonne à l’Etat protecteur, en échange de l’engagement pris par ce dernier, de le défendre, et du droit de gérer ses affaires extérieures, ainsi que d’intervenir dans son administration. 

La Transylvanie était, pendant plusieurs siècles, Etat vassalique du sultan ottoman. Ce rapport juridique contenait plusieurs éléments des différents droits et obligations des deux parties. D’une part, la principauté de la Transylvanie, comme Etat protégé, payait annuellement une somme déterminée d’impôt au trésor du sultan ; elle était obligée de demander l’autorisation préalable du sultan pour la notification de guerre et également pour toutes ses démarches sur la scène internationale ; le prince, élu par états généraux, était solennellement approuvé par l’accord inauguré du sultan ; enfin, la principauté devait fidélité au sultan. D’autre part, l’Empire ottoman, comme Etat protecteur, devait défendre l’Etat protégé contre ses ennemis. Ce statut peut être appelé, par la doctrine du XIXe siècle, une position « semi-souveraine », dans lequel l’une des parties n’est pas égale à l’autre. La capacité juridique internationale de l’Etat protégé était reconnue par ladite doctrine, contrairement à la capacité d’action de cet Etat. 

Conformément à la doctrine de l’époque de Hugo Grotius, un Etat protégé peut posséder la souveraineté, malgré sa position inégale. Un tel traité, c’est-à-dire un traité entre deux parties inégales, doit être considéré comme un rapport dans lequel la partie plus forte possède plus de fidélité, tandis que la partie protégée possède plus de soutien.[2] Ce dernier paie une somme déterminée d’impôt pour être défendu par l’Etat protecteur ce qui ne limite pas de sa souveraineté, et n’est susceptible de porter atteinte qu’à la dignité de l’Etat protégé.[3] Cette doctrine correspond à la pratique internationale du XVIIe siècle, puisque les Etats européens ne se voyaient pas empêchés de lancer des négociations avec un tel Etat pour conclure un traité et devaient également le soutenir économiquement.[4] 

La position de la principauté de la Transylvanie, à cette époque, n’était pas unique et inconnue sur le continent européen ; la Moldavie, la Valachie et le khanat tatar en Crimée possédaient un statut semblable à celui de la Transylvanie.[5] 

Notre but principal est d’examiner les éléments les plus importants du rapport juridique entre la Transylvanie et l’Empire ottoman qui changeaient conformément à l’intensité de pouvoir du prince et du sultan.

  

Histoire de la Transylvanie jusqu’à l’occupation ottomane de son territoire 

Le déroulement de la conquête de la Transylvanie est une question âprement discutée entre les historiographes hongrois et ceux des pays voisins.[6] Malgré les positions contraires, il est sûr que la partie du nord de la Transylvanie a été occupée par les tribus hongroises en même temps que l’occupation du bassin carpatique, dans les dernières années du IXe siècle.[7] Ce territoire, dirigé par le « gyula », chef des armées dans l’administration bicéphale des « Magyars » du IXe siècle, équivalent d’un duc, devenait de plus en plus indépendant et se détachait lentement de la fédération tribale dirigée par la dynastie d’Árpád. Le territoire de la Transylvanie faisait partie intégrante du royaume hongrois depuis le règne de saint Etienne, roi fondateur de l’Etat indépendant hongrois.[8] 

Les Saxons se sont établis à l’appel du roi Géza II, vers 1160, sur le territoire entouré des fleuves Küküllõ, aujourd’hui Trnava en Roumanie, et Olt, affluent du Danube ; ces villages s’étendaient constamment, et en 1224, l’autonomie leur a été attribuée par le roi André II. C’est à cette époque que les Szeklers sont apparus en Transylvanie.[9] Probablement leurs ancêtres, trois tribus kabardiennes, se séparaient de l’Empire khazar[10] pour se joindre aux tribus hongroises dans le but de les intégrer ;[11] ils ont été installés en Transylvanie comme garde-frontières par la dynastie d’Árpád.[12]

  

Vers le protectorat ottoman en Transylvanie 

Les 160 ans, entre l’an 1526, la défaite hongroise contre les forces ottomanes sur le champ de Mohács et l’an 1686, la reprise du château de Buda, doivent être considérés, sans aucun doute, comme le chapitre le plus sombre et le plus triste de l’histoire de la Hongrie. Pendant 160 ans, les ottomans dominant le pays ont massacré des millions de vie humaine ; le début de cette époque constitue le lancement de la désolation du royaume hongrois, mais en même temps pendant cette période, la principauté de la Transylvanie a vu le jour.[13] On est d’accord sur le fait que la naissance de la principauté était en étroite liaison avec la désolation du royaume, mais cette liaison n’était que transposée, car la naissance de la Transylvanie dite « indépendante » était soutenue par de très longues années d’état anarchique, grave conséquence de la désolation.[14]

Au XVe siècle, le royaume hongrois, embrassant tout le territoire du bassin carpatique, devait être considéré comme l’un des plus importants Etats de l’Europe centrale. L’obtention de la couronne hongroise servait aux luttes dynastiques entre la maison de Jagellon et celle de Habsbourg. Tous ces efforts tendant à obtenir le trône hongrois ont échoués ; après la chute du château de Belgrade, en 1521, l’armée ottomane broyait, pendant quelques années, tout le système de la défense militaire frontalière. La défaite de l’armée hongroise contre les forces ottomanes et de ce fait, la perte du territoire du sud du pays, celle du roi Louis II Jagellon et celle des principaux dirigeants militaires et politiques du pays, étaient, sans aucune doute, inévitables et doivent être considérées comme la conséquence logique des évènements des décennies précédentes.[15] Le futur empereur allemand, le gouverneur des régions autrichiennes, Ferdinand 1er était prêt à rendre service au royaume hongrois, en premier lieu pour son propre intérêt.

Le territoire du pays est devenu la zone d’opérations militaires et d’intérêts politique et économique des deux plus grands empires du monde de l’époque : l’Empire des Habsbourg et l’Empire ottoman.[16] On entend par ce dernier l’ensemble des territoires sur lesquels le sultan ottoman exerçait son autorité ; en 1354, les ottomans ont pris le pied en Europe, à Gallipoli, et ont créé le corps de janissaires servant comme base de leurs forces militaires. L’histoire des ottomans, à cette époque, correspond à l’histoire de leur expansion ; tandis que le sultan Murad 1er a conquis la Thrace, la Macédoine et la Bulgarie, ses héritiers poursuivaient l’expansion.[17] Au début du XVe siècle, le sultan Mehmed 1er reconstituait l’Empire anatolien, et en 1453, le sultan Mehmed II s’est rendu maître de Constantinople, qui devenait, sous le nom d’Istanbul, une des plus importantes métropoles d’Islam. Après avoir vassalisé la Serbie, la Bosnie et la Crimée, pendant quelques années l’Anatolie orientale, la Syrie et l’Egypte ont été conquises par les janissaires du sultan Selim 1er ; son fils, Soliman surnommé « le Grand » ou « le Magnifique », né vers 1495, prenant le pouvoir le 30 septembre 1520, à la mort de son père, héritait d’un empire considérablement étendu dont les forces armées ont été dirigées essentiellement contre le royaume hongrois affaibli.[18]

La naissance « inaperçue » du protectorat 

La bataille de Mohács a eu une importance capitale[19] puisqu’elle démantelait l’Etat hongrois et conduisait l’armée ottomane, en 15 ans, à prendre la ville de Buda, capitale du royaume, en incorporant aussi la basse plaine hongroise à l’Empire ottoman, provoquant ainsi la division du pays en trois parties.[20] Premièrement, la Hongrie royale, partie du nord de l’ancien royaume, restée sous la domination de la dynastie des Habsbourg ; deuxièmement, la Hongrie turque, partie centrale de l’ancien royaume, restée sous la domination de l’Empire ottoman pour un siècle et demi ; et enfin, la souveraineté sur la Transylvanie était reconnue à Jean 1er Zapolya, voïévode de Transylvanie (1511-1540) et roi hongrois (1526-1540) par la paix de Nagyvárad, en 1538.[21] 

En octobre 1526, c’est-à-dire deux mois après la bataille de Mohács, les forces ottomanes se sont retirées du pays.[22] Deux candidats rivalisaient pour la couronne hongroise : d’une part, le voïévode Zapolya, le plus important chef des nobles hongrois en lutte contre les Habsbourg, soutenu par les magnats hongrois qui ont voulu reconnaître uniquement un Hongrois sur le trône hongrois ;[23] d’autre part, le futur empereur Ferdinand 1er, second fils de Philippe le Bel, qui était gouverneur au nom de Charles Quint dans les régions autrichiennes. Il nous faut noter très brièvement que les droits de Habsbourg à la succession au trône royal hongrois reposait sur les deux traités suivants : le premier avait été passé en 1463 par Mathias Corvin, roi humaniste, et Frédéric III, roi et puis empereur allemand; ce dernier reconnaissait Corvin dans ses fonctions à la condition de lui succéder, s’il mourrait sans héritier.[24] Le deuxième traité avait été passé en 1490 par Ladislas II de Bohême. Les deux traités ont été renforcés par l’alliance familiale de 1515 entre les Jagellons et les Habsbourg. 

Le 10 novembre 1526, le voïévode Zapolya a été élu roi de Hongrie contre Ferdinand par la grande majorité de la noblesse, tandis qu’après la mort de son beau-frère Louis II Jagellon, Ferdinand lui succédait, par le vote de quelques magnats hongrois à Pozsony, le 17 décembre 1526 en tant que roi hongrois. Les 15 années suivantes ont été marquées par des luttes sanglantes entre les deux rois, mais en réalité les événements étaient dictés par le sultan Soliman.[25] La Transylvanie ne joua son rôle qu’une fois dans cette comédie politique : ses trois nations se levèrent uniformément contre Jean 1er pour rétablir l’unité du royaume hongrois ; elles quittèrent le roi couronné à cause de sa politique de rapprochement vers l’Empire ottoman. Le roi Jean 1er se réfugia en Pologne où il avait des liens de parenté avec les Jagellons et envoya son plénipotentiaire à Istanbul pour demander de l’aide à son retour.[26]

  

La formation du protectorat souhaité 

La rencontre de plénipotentiaires du roi était assez courte, mais simultanément très utile. Le sultan a solennellement déclaré que le pays du roi Jean 1er ne dépendait et ne dépendrait que de lui-même, puisqu’il l’avait conquis à la pointe de l’épée.[27] En acceptant la fidélité du roi, le sultan respectait le règne de Jean 1er et prenait l’engagement de l’aider à lutter contre les Habsbourg. Grâce à cette mission, le 29 février 1528, le plénipotentiaire du roi Jean 1er recevait l’accord inaugural du sultan dans lequel ce dernier permettait au roi Jean 1er de ne jamais le quitter et de l’aider en cas de nécessité.[28] En conséquence de cet accord, Jean 1er, roi hongrois et prince de Transylvanie, est devenu un simple vassal ottoman.[29] Grâce à cet acte, il se sentait politiquement très fort.[30] 

En 1529, en retournant de la Pologne, le roi était obligé de rencontrer le sultan sur le champ de Mohács, sur le lieu-même de la chute de l’armée hongroise, produite 3 ans auparavant. Le roi, accompagné par une dizaine de nobles hongrois, a reçu un accueil cordial de la part du sultan. Ils ont renouvelé les dispositions de l’accord inaugural du février 1528. Grâce à cet accord, le roi Jean 1er a été couronné, conformément aux traditions ottomanes, par le sultan, dans les derniers jours de septembre 1529.[31] En janvier suivant, les deux rois ont fixèrent, à Visegrád, siège du roi fondateur hongrois, provisoirement et pour la première fois officiellement, la division du pays selon le status quo.[32] La partie centrale du pays, y compris tout le territoire de la Transylvanie, appartenait au roi Jean 1er, tandis que l’empereur Ferdinand ne possédait que la partie nord du pays ; mais il nous faut savoir qu’à cette époque, l’appartenance d’un département ou même d’un village, se trouvant dans la zone frontalière, dépendait uniquement de la position politique de son seigneur.[33] 

En 1530, le roi Jean 1er a nommé Lodovico Gritti gouverneur et commandant de la Hongrie ; Gritti, fils naturel du doge de Venise, conseiller financier du sultan Soliman, exerçait une influence importante sur la politique extérieure du roi hongrois. Au lieu d’essayer de relâcher ses liens avec l’Empire ottoman, le roi, en nommant Gritti gouverneur, a multiplié les fautes : l’aversion de la noblesse hongroise pour le nouveau gouverneur ne cessait d’augmenter, et en septembre 1534, le gouverneur ambitieux a été assassiné en Transylvanie ce qui provoqua la colère du sultan. Une enquête a été immédiatement lancée, mais elle resta en suspens après l’exécution de Ibrahim, grand vizir disgracié.[34] Cette affaire comportait une conclusion fondamentale pour le roi Jean 1er : il est risqué, mais possible, de provoquer le sultan, tout en respectant cependant certaines limites.[35] 

Grâce à la politique financière de Fráter, moine pauliste, puis trésorier royal et évêque de Nagyvárad, une des villes clés de la Transylvanie, ainsi que cardinal catholique grâce à l’entremise de Ferdinand, le trésor s’est trouvé dans une situation réformée ; ses ressources ont considérablement augmenté, le pouvoir royal s’est stabilisé.[36] Dans une telle situation, le roi Jean 1er a renouvelé, en 1537, ses propositions antérieures aux Allemands relatives à la négociation et à la conclusion d’un accord de paix.[37] Les premières négociations, se déroulant à Körmöcbánya, ville minière au nord de la Hongrie occidentale à l’époque, restèrent sans effet. Mais grâce à l’intervention de Fráter, l’accord de paix fut signé par les deux parties, le 24 février 1538, à Nagyvárad. Ces derniers reconnaissaient mutuellement l’un et l’autre roi légitime hongrois, et ont convenus de posséder le territoire du pays selon le status quo ; ainsi, le roi Jean 1er gardait la Transylvanie et la Hongrie orientale jusqu’au fleuve Tisza, tandis que le roi Ferdinand gardait la Croatie, la Slavonie et la Hongrie occidentale. La plus importante disposition de l’accord a réglé le droit de succession des Habsbourg sur le trône et également les territoires de roi Jean 1er  qui devaient revenir, à la mort de ce dernier, à la dynastie Habsbourg.[38] En cas de successeur, celui-ci possédera le titre de duc du pays de Zips. Conformément à ses dispositions, l’accord devait rester secret.[39] Le roi Jean 1er s’est marié en mars 1539, et sa femme a donné naissance à son fils quinze jours avant la mort du roi. Dans cette situation, l’évêque Fráter, âgé de 58 ans, avait la mission de garder l’unité des territoires du pays appartenant au roi Jean 1er ; il s’est rendu à Buda en septembre 1540 pour convoquer le Parlement hongrois afin de faire monter sur le trône de la Hongrie le bébé par la noblesse hongroise. Parallèlement l’évêque a envoyé son plénipotentiaire, le chancelier Werbõczy, à Istanbul pour demander l’aide et la reconnaissance du sultan au bébé. Le sultan était prêt à aider ses protégés.[40] Toutefois, quelques jours après la fin de la visite du vieux chancelier Werbõczy, le plénipotentiaire allemand s’est ouvert au sultan du secret de l’accord de paix de Nagyvárad. Soliman le Grand s’est mis en colère à cause de l’infidélité de ses protégés ; il s’est préparé pour une nouvelle attaque militaire contre la Hongrie et notamment contre sa capitale, Buda. A la tête de ses forces, Soliman est arrivé, sans résistance, à Buda, le 29 août 1541, jour pour jour 15 ans après la bataille écrasante de Mohács. Pendant la visite de l’évêque Fráter avec le bébé et la reine mère dans le camp du sultan Soliman, les janissaires ont occupé la ville de Buda.[41] Le sultan a solennellement déclaré qu’il laissait l’art de gouverner la Transylvanie et ses territoires jusqu’au fleuve Tisza, à Jean Sigismond, fils de Jean 1er contre 10.000 Forints d’impôt par an.[42] 

Le 18 octobre 1541, le Parlement transylvain, convoqué par Fráter, a fait preuve de fidélité envers la famille Zapolya ; à la fin de janvier prochain, le Parlement a nommé Fráter gouverneur du pays et puis, elle a établi un conseil de 22 membres, auprès de la reine mère Isabelle, servant à aider leurs travaux. En décembre de la même année, le Parlement transylvain, siégeant à Torda, a renouvelé l’union des trois nations de 1437 de Kápolna, Unio Trium Nationum, et a reconnu Jean Sigismond prince de Transylvanie, et a voté la somme de 10.000 Forints d’impôt par an, en faveur de l’Empire ottoman.[43] Au début de l’année 1543, la première somme de 10.000 Forints d’impôt de l’histoire transylvaine est arrivée dans le trésor ottoman.[44] En avril 1545, le Parlement transylvain, siégeant à Torda, a retiré les droits encore restants des Habsbourg, notamment le droit de concession de terre, ainsi qu’elle a reconnu de nouveau l’obligation de payer la dite somme d’impôt à l’Empire ottoman. Grâce à la stabilisation des relations extérieures, la position intérieure du nouveau pouvoir s’est également consolidée, et un équilibre fragile et instable a vu le jour dans le système politique.[45] 

 

Consolidation du protectorat 

Il peut être étonnant que dans une telle situation, ce soit le gouverneur Fráter lui-même qui se décide à faire des démarches en faveur de la reconnaissance du pouvoir des Habsbourg.[46] En 1546, le sultan a demandé la remise de deux châteaux se trouvant à l’ouest de la Transylvanie ; en conséquence de cette demande, le gouverneur Fráter, reconnaissant la volonté conquérante du sultan, est entré en négociation avec l’empereur Ferdinand au sujet de la conclusion d’un traité servant à assurer la défense de la Transylvanie contre les ottomans.[47] Ce traité secret, signé en septembre 1549 à Nyírbátor, a stipulé que seul Fráter serait chargé de gouverner la Transylvanie au nom de l’empereur Ferdinand.[48] La reine mère a annoncé la conclusion dudit traité au sultan, en demandant concurremment le titre « roi de la Transylvanie » à son fils, Jean Sigismond, qui se décidait à donner l’ordre d’arrêter ou de tuer le gouverneur renégat Fráter. Après la chute des forces militaires soutenant la reine mère, Isabelle s’est vue obligée de signer sa lettre de démission préparée par le gouverneur. Toutefois la position de ce dernier n’était pas stable ; les forces ottomanes opéraient des mouvements militaires vers les châteaux de la zone frontalière. Grâce aux excuses et à la richesse des cadeaux envoyés au sultan, les mouvements militaires ont été suspendus. En novembre 1551, le gouverneur s’est décidé à riposter; il amenait des forces contre Lippa, l’un des plus importants châteaux.[49] L’empereur allemand, ayant de la suspicion à l’égard du gouverneur et souhaitant mettre fin à son activité, s’est décidé à l’assassiner aussi vite que possible. L’attentat s’est produit la nuit du 16 décembre 1551, mais ses conséquences n’étaient pas prévues : la Hongrie orientale et la Transylvanie ont été occupées par les forces allemandes. Au début de l’an 1552,[50] l’avancée des forces de l’empereur exaspérait le sultan qui déversait toutes ses forces militaires contre les châteaux hongrois et demandait à la reine mère Isabelle de revenir avec son fils sur le trône hongrois.[51] En conséquence des défaites militaires et de l’affaiblissement politique de l’empereur, le Parlement transylvain s’est immédiatement décidé à payer la somme antérieure de l’impôt au sultan ;[52] de plus, en décembre 1555, il demandait à l’empereur de fournir des aides militaires pour la résistance contre les ottomans ou de laisser la Transylvanie retourner sous le protectorat du sultan.[53] 

Le 12 mars 1556, le Parlement transylvain s’est décidé à faire revenir la reine mère Isabelle et son fils, tandis que l’empereur Ferdinand, dans sa lettre adressée directement au sultan, énonçait la remise de la Transylvanie à la main de Jean Sigismond et la reconnaissance du protectorat ottoman sur les dits territoires.[54] 

Le traité de Speyer, signé le 10 mars 1571, par l’empereur Maximilien et le prince, conservait la position pendante de la Transylvanie ; il n’était reconnu que par le sultan, la Pologne et la France. Le comportement ottoman restait le même ; le sultan considérait la Hongrie orientale et la Transylvanie comme son propre territoire, et il laissait charitablement l’art de gouverner à son protégé.[55] 

Après la mort de Jean Sigismond, le 14 mars 1571, le voïévode Báthory a été élu prince de Transylvanie par les états généraux. [56] L’accord inaugural de sultan Sélim II, sur un ton beaucoup plus rigoureux, reconnaissait le pouvoir de nouveau prince et également le droit des états généraux transylvains à élire le prince ;[57] cet accord a déclaré que la Transylvanie faisait partie intégrante de l’Empire ottoman depuis très longtemps, et que le sultan protégeait toujours ce territoire contre ses ennemis.[58] Il a encore déclaré qu’en échange de la fidélité de Báthory, le sultan, dérivant de sa souveraineté, laissait le prince Báthory gouverner tout le territoire de la Transylvanie.[59] Il demandait une sorte de coopération très étroite entre le prince Báthory et le bey de Buda, premier fonctionnaire du sultan en Hongrie. Vu les circonstances, le prince Báthory était considéré par le sultan comme successeur légitime de Jean Sigismond ; le prince mettait toujours tous ses soins à payer la somme de l’impôt, et à respecter le territoire occupé par les ottomans.[60] Il était évident que le sultan donnerait toujours son agrément à la nomination du prince.[61] Le prince voulait maintenir la politique extérieure des ses prédécesseurs. La politique du prince Báthory doit être considérée comme une politique équilibrante entre l’empereur allemand et le sultan ottoman, fondée par l’évêque Fráter.[62] En 1575, le choix de la noblesse polonaise se portait sur Báthory, fiancé à Anne, sœur de Sigismond II August. Après son élection au trône polonais, Báthory[63] a immédiatement demandé au sultan de reconnaître son frère Christophe, prince transylvain.[64] Cette demande a été respectée par le sultan sans aucune difficulté. Après quelques années de règne, en mai 1581, le fils de Christophe, Sigismond a été élu par les états généraux et reconnu par le sultan au trône de la principauté. Après la défaite militaire contre les ottomans en 1596, le prince Sigismond Báthory a démissionné et a cédé, en 1598, la Transylvanie à Rodolphe II, en échange d’Oppeln et de Ratibor.[65] En 1601, Sigismond, rappelé au pouvoir par la noblesse mécontente, est retourné au pays à la tête d’une armée, mais après la chute contre les forces allemandes, il a définitivement abdiqué en 1602. La possession de la Transylvanie n’était pas assurée ; Etienne Bocskai,[66] ancien conseiller de Báthory et oncle de Sigismond, a pris la tête de la résistance contre la politique des Habsbourg. Il a été élu prince de la Transylvanie par les états généraux en 1605, et roi de Hongrie par le Parlement hongrois ; il a reçu du sultan ottoman des insignes royaux de Hongrie en avril 1605, mais quelques mois plus tard, il a renoncé à la couronne hongroise.[67] Bocskai, avec l’appui du sultan, forçait l’empereur allemand à reconnaître, par la paix de Vienne, en 1606, les privilèges politiques et religieux des Transylvains et des Hongrois.

A l’occasion de l’arrivée au pouvoir de Gábor Báthory, fils d’Etienne Báthory, le sultan laissait tomber la somme annuelle de l’impôt pour trois ans consécutifs. Un de ses conseillers, Gabriel Bethlen, issu d’une famille de la moyenne noblesse hongroise, prince transylvain à venir, a informé le sultan sur les pourparlers entre le prince et l’empereur au sujet de la conclusion d’une alliance contre les ottomans.[68] Au début de l’an 1613, Bethlen a réussi à arracher un accord inauguré dans lequel le sultan laissait aux états généraux à détrôner le prince Báthory et élire Bethlen, prince de la Transylvanie. Ce dernier, soutenu par les forces du pacha, est retourné en Transylvanie pour expulser le prince de son pays. Le 21 octobre 1613, le Parlement transylvain, convoqué par le sultan, a élu Bethlen prince.[69] 

Bethlen, calviniste, développait le pouvoir princier, créait une armée permanente et encourageait le mercantilisme ;[70] en refusant nettement la proposition de l’empereur contre le sultan, le prince était, en effet, prêt à tout pour lutter contre les Habsbourg.[71] En 1619, il s’est engagé dans la guerre de Trente Ans aux cotés de la Bohême et assiégeait Vienne.[72] En août 1620, le Parlement hongrois l’a élu roi de la Hongrie ; par le traité de Nikolsburg, en décembre 1621, il a renoncé à la Hongrie moyennant de substantielles compensations territoriales. En 1626, il a épousé Catherine de Brandebourg ; cette année-là, il a conclu une alliance avec les Pays-Bas, le Danemark et la Pologne pour reprendre la lutte contre l’empereur Ferdinand II.[73] Le prince avait l’intention de réunir les forces des états protestants dans le but de rompre l’absolutisme catholique des Habsbourg,[74] ainsi que de rétablir l’unité de la nation hongroise. Sa mort, le 15 novembre 1629, à l’age de 49 ans, ne lui laissa pas le temps de réaliser ses buts.[75] 

Deux candidats étaient susceptibles de continuer la politique de Bethlen : Etienne Bethlen,[76] frère du prince décédé, et Georges Rákóczi, membre d’une illustre famille hongroise.[77] A l’ouverture de la séance du Parlement transylvain, le plénipotentiaire ottoman a présenté la proposition du sultan soutenant le candidat Rakóczi ; les états généraux, souhaitant éviter un nouveau conflit, ont élu Rákóczi, prince de la Transylvanie. En 1637, année du décès de l’empereur Ferdinand II, la guerre de Trente Ans est arrivée dans sa dernière période, en perdant son caractère religieux et devenant ainsi un conflit net entre les Allemands et les Français. Ces derniers, en commun avec les Suédois, se sont adressés au prince Rákóczi pour s’allier contre l’empereur. Le prince hésitait sur la question d’alliance ; dans son mémorandum de 18 novembre 1643, il développait clairement ses pensées : il ne voulait pas conclure une alliance entre l’empereur sans l’autorisation préalable du sultan ottoman.[78] Malgré ses oppositions, il dirigeait des mouvements militaires et occupait les châteaux stratégiquement forts sur le territoire de la Hongrie occidentale, sur la base d’un traité passé entre le prince Rákóczi et Torstensohn, général de l’armée suédoise, en octobre 1643.[79] Le prince, dans sa lettre du 16 septembre 1643, a informé le général Torstensohn sur le sommaire de ses demandes pour faire alliance avec le roi de France et la couronne suédoise contre l’empereur Ferdinand. Il a demandé que les couronnes de France et de Suède et tous leurs alliés prennent en leur protection et défense la Transylvanie ; cette demande a été acceptée par la lettre d’octobre 1643 du général Torstensohn.[80] Le prince demandait que ces alliés ne forment jamais aucune prétention au royaume de la Hongrie, ni à la principauté de la Transylvanie ; celle-ci a été également respectée par le général suédois. La somme d’argent demandée par le prince a été identiquement assurée par les parties, en vue d’équiper et armer les soldats princiers. Les parties contractantes se sont engagés à tenir secrètes les dispositions de ce traité,[81] qui avaient été négociées et conclues sans avoir l’autorisation préalable du sultan ottoman. 

Vu les avancés des forces du prince, Louis XIV, roi de France, a chargé, par sa lettre du 20 novembre 1644, le conseiller Croissy pour négocier, arrêter et conclure un traité avec le prince Rákóczi.[82] Grâce au traité, entre Louis XIV et Georges Rákóczi, signé le 22 avril 1645, à Monkacz, la Transylvanie est entrée sur la scène européenne ;[83] ce traité, resté secret, avait le but principal d’offrir aux Etats de la Hongrie et de la Transylvanie la protection de la Majesté française,[84] qui les défendrait et leur donnerait un secours suffisant. Le roi français s’est engagé à donner, tous les ans, vingt mille Richelieu au prince ou en cas de mort à son successeur, dans le but de financer les frais des mouvements militaires. L’article cinq de ce traité obligeait le roi français à payer au prince, tous les ans, quarante huit mille Richelieu pour équiper, armer et entraîner quinze cent homme de pieds. Les parties contractantes se sont engagés à ne passer aucun traité et aucune alliance avec la Maison d’Autriche et ses alliés ; ils promettaient également de faire tous leurs efforts pour établir et conserver la paix et de continuer la guerre avec toutes leurs forces jusqu’à la conclusion de la paix générale.[85] Le prince Rákóczi s’est engagé à assurer la liberté d’exercice de la région dans tous les territoires qu’il occuperait. 

Les mouvements militaires ont été lancés par le prince, en occupant les territoires de la Moravie.[86] Etant donné que les forces de l’empereur allemand était proche de la chute, Ferdinand est parvenu à ses fins par la ruse. Au vu des cadeaux immenses offerts par l’empereur, le sultan a immédiatement interdit au prince Rákóczi de poursuivre ses mouvements militaires victorieux qui avaient été lancés sans l’autorisation préalable du sultan ottoman.[87] Ce dernier estimait mieux, comme voisin, un empereur affaibli par les guerres qu’un prince fort avec ses alliés français et suédois. 

En décembre 1645, le prince, ne souhaitant pas contredire à l’avertissement du sultan et puis retirant ses forces de la Moravie, a signé le traité de paix à Linz avec l’empereur Ferdinand III qui assurait le libre exercice de la religion aux protestants et obligeait le prince à se retirer de l’alliance.[88] Ce traité a mis fin à la participation de la Hongrie et de la Transylvanie dans la guerre de Trente Ans ; les hommes d’Etat français et suédois ont invité le prince Rákóczi aux négociations de paix à Munster et Osnabrück.[89] Le droit à la participation du prince Rákóczi aux négociations de paix donnait matière à discussion.[90] La couronne française et suédoise ont soutenu la participation de Rákóczi, tandis que l’empereur allemand s’y opposait ; ce dernier expliquait que le prince Rákóczi n’avait lutté que pour garder ses propres intérêts privés. De plus, le plénipotentiaire de Venise a rappelé la position subordonnée de Rákóczi au sultan ottoman. Après plusieurs mois de discussion, le prince obtenait le droit à la participation aux négociations de paix.[91] La Transylvanie a été également énumérée dans les dispositions finales des traités de paix comme allié et mais aussi comme ennemie de l’empereur allemand.[92] Malgré ce désaccord, une chose est certaine : le traité de Westphalie n’a contenu aucune disposition relative à l’indépendance de la Transylvanie assurée par une garantie internationale des hautes parties contractantes. 

 

Conclusion 

Le statut de la Transylvanie reflétait fidèlement sa position géographique ; elle était entourée par les territoires occupés par le sultan. La principauté était obligée, pendant plus de deux siècles de son histoire, de s’adapter à l’Empire ottoman. Malgré ses relations très étroites économiques, administratives, et sociales avec le royaume de la Hongrie, la Transylvanie était inapte à se détacher du sultan et à s’unir au royaume. 

Le but principal de la politique extérieure ottomane était d’empêcher l’union du royaume en division. La « semi-autonomie » de la principauté, qui avait été, au début, conséquence grave de la conquête ottomane, possédait un sens politique plus approfondi ; cette autonomie était le prémisse, au royaume hongrois, à conserver son statut particulier : garder les privilèges des états généraux hongrois, lutter contre l’absolutisme de la dynastie Habsbourg, et protéger le libre exercice de la religion des protestants. La Transylvanie avait la possibilité de jouer ce rôle de « garde », parce que c’était l’Empire ottoman qui la protégeait contre ses ennemis, notamment les Habsbourg. 

 

 

Transylvania and the light of the crescent: protectorate or sovereignty?

 

This dissertation examines the elements of the protectorate system in the Hungarian and Transylvanian areas conquered by the Ottoman Empire, which evolved due to the defeat at Mohács (1526), and the occupation of the Castle of Buda by the Turkish in 1541. 

In general sense one defines protectorate as the auspices of one or more states over another that results in dependence. The Turkish protectorate over the Hungarian and Transylvanian areas is examined in the context of historical events. After the defeat at Mohács 1526, the Osmanli regarded these areas as satellite states and requested loyalty from their protégé. The invaders charged annual taxes of 10.000 Forints since 1540, but they did not change the original public administration system either at local or central level. One of the most conspicuous elements of this protectorate is the acknowledgement of the Transylvanian Prince by the Sultan through a confirmatory charter called athname. From these charters one can find out that the Sultan called the Princes he was pleased with "Dear Son ", from whom he demanded absolute fidelity. This document recognized the autonomy of Transylvania, included the annual amount of tax levied and the fact of unconditional alliance. The Prince of Transylvania, who was formally acknowledged by the Sultan in this way, was sent presents as well that suited the Ottoman crowning protocol (e.g.: a harnessed horse or a scepter). 

In this legal framework the relationship between the Ottoman Empire and Transylvania also depended on the current political force of the parties. János Szapolyai was acknowledged as the King of Hungary and the Prince of Transylvania in 1528. After the death of Szapolyai, his infant son, Zsigmond János was brought to the Camp of Suleiman the Great by György Fráter, with the only purpose of acknowledging the child king as the Lord of Transylvania and the Hungarian territories up to the river Tisza – which was previously possessed by his father. By the effect of the charter of the Sultan the Transylvanian classes recognized the child king as their Prince, so the Sultan legitimated his position in advance. István Báthori, King of Poland and Prince of Transylvania considered the status quo to be more dangerous, as the Ottoman estimated his power; although the dependence did not change anything, the parlance of the period’s diplomatic letters suggest a considerable degree of respect from the side of the Sultan towards the Prince of Transylvania. 

The Ottoman protectorate over the autonomous Transylvania got a different meaning in the period of the 30 year war, when the economically strengthened principality got into battle several times without the previous permission of the Osmanli: Gábor Bethlen was on the warpath against the armies of the German Kaiser in the years of 1619, 1623 and 1626, and I. Rákóczi György got into the last period of the war in a French and Swedish alliance in 1644. This treatise examines in details – primarily based on diplomatic letters and reports – the evolution and development of these federations continuously paying attention to how much the palatial ambitions were allowable and acceptable for the Sultan. 

Due to the Ottoman protectorate Transylvania and the conquered Hungarian areas got into real dependence from the Osmanli Ruler; but at the same time after defining the frameworks of the protectorate the Prince of Transylvania had a relatively wide-ranging freedom of movement in foreign and internal politics.


 

[1] Assistant universitaire au Département de l’histoire des institutions de la Faculté de droit de l’Université de Miskolc.

[2] Grotius, Háború és béke jogáról (De jure belli ac pacis), vol. 1., 1960, p. 279.

[3] Ibid., p. 286.

[4] Herczegh, Bethlen Gábor külpolitikai törekvései (Efforts de la politiques extérieures de Bethlen), in: Kovács (red.): Bethlen Gábor állama és kora (Etat et époque de Bethlen), 1980, p. 37.

[5] Ibid., p. 38.

[6] Gyõrffy, A honfoglalás vitatott kérdései (Questions litigieuses de la conquête), in : História 1986/1., p. 9.

[7] Makkai, Erdély betelepülése (Conquête de la Transylvanie), in : História 1986/2., p. 3.

[8] Eckhart, Magyarország története (Histoire de la Hongrie), 1940, p. 17.

[9] Pour avoir un aperçu plus complet, voir notamment Trócsányi, Három nép, három nemzet, négy vallás (Trois peuples, trois nations, quatre religions), in : História 1986/2., p. 10-12.

[10] Peuple d’origine turc, qui dominait, du VIIe et Xe siècle, la région de la mer Caspienne, puis de la Crimée et les steppes entre le Don et le Dniepr.

[11] Makkai, op. cit. p. 4.

[12] Pour avoir un aperçu complet sur la provenance des Szeklers, voir Homan, A székelyek eredete (Origine des Szeklers), 2002, p. 144-163.

[13] Engel, A váradi hamis béke (Paix fausse de Várad), in : História 1995/4., p. 5.

[14] Barta, Az erdélyi fejedelemség születése (Naissance de la principauté de la Transylvanie), 1979, p. 5.

[15] Pálffy, Politika és hadügy a török korban (Politique et affaires militaires pendant la période ottomane), in : Szentpeteri (dir.), Magyar kódex (Codex hongrois), 3. vol., 2000, p. 7.

[16] Kosary, A magyar külpolitika Mohács elõtt (Politique étrangère hongroise avant Mohács), 2001, p. 97.

[17] Palffy, op. cit., p. 8.

[18] Hegyi, Törökvilág (Monde ottoman), in : História 1992/1., p. 8.

[19] Kosary, op. cit., p. 102.

[20] Marczali, Erdély története (Histoire de la Transylvanie), 1935, p. 74.

[21] Eckhart, op. cit., p. 154.

[22] Ibid., p. 155.

[23] Barta, Király, vajda, fejedelem (Roi, voïévode, prince), in: História, 1986/2., p. 6.

[24] Homan, A történelem útja (Route de l’histoire), 2002, p. 65.

[25] Barta, Király…, p. 6.

[26] Eckhart, op. cit., p. 164.

[27] Jancso, Erdély története (Histoire de la Transylvanie), 2001, p. 88.

[28] Barta, op. cit., p. 30.

[29] Jancso, op. cit., p. 88.

[30] Barta, op. cit., p. 32.

[31] Marczali, op. cit., p. 79.

[32] Jancso, op. cit., p. 89.

[33] Barta, op. cit., p. 36.

[34] Hegyi, Török tisztviselõk a 17. században (Magistrats ottomans au XVIIe siècle), in: História 1995/7., p. 12.

[35] Barta, op. cit., p. 53.

[36] Jancso, op. cit., p. 89.

[37] Barta, op. cit., p. 59.

[38] Eckhart, op. cit., p. 166.

[39] Unger (red.), Forrásszemelvények Magyarország törtenetének tanulmányozásához (Echantillon de sources à l’étude de l’histoire hongroise), 1974, p. 245-246.

[40] Jancso, op. cit., p. 91.

[41] Makkai-Mocsy, Erdély története (Histoire de la Transylvanie), 1986, p. 421.

[42] Jancso, op. cit., p. 90.

[43] Makkai-Mocsy, op. cit., p. 423.

[44] Marczali, op. cit., p. 83.

[45] Ibid., p. 83.

[46] Makkai-Mocsy, op. cit., p. 427.

[47] Ibid., p. 430.

[48] Jancso, op. cit., p. 98.

[49] Ibid., p. 99.

[50] Szakaly, Ostrom 1552 (Siège 1552), in : História 1992/1., p. 9.

[51] Makkai-Mocsy, op. cit., p. 434.

[52] Marczali, op. cit., p. 90.

[53] Monumenta comitialia regni Transsylvaniae, 1540-1699, in: Szilágyi (red.), Monumenta Hungariae Historica, 1875-1898, tom. 1., p. 475.

[54] Ibid., p. 481.

[55] Barta, Király…, p. 7.

[56] Makkai-Mocsy, op. cit., p. 439.

[57] Jancso, op. cit., p. 100.

[58] Monumenta comitialia regni Transsylvaniae, 1540-1699, in: Szilágyi (red.), Monumenta Hungariae Historica, 1875-1898, tom. 2., p. 495.

[59] Ibid., p. 475.

[60] Makkai-Mocsy, op. cit., p. 441.

[61] Veress, Báthory István erdélyi fejedelem és lengyel király levelezése (Correspondance de Báthory, prince de la Transylvanie et roi de la Pologne), 1944, p. 69.

[62] Jancso, op. cit., p. 102.

[63] Marczali, op. cit., p. 94.

[64] Jancso, op. cit., p. 103.

[65] Eckhart, op. cit., p. 168.

[66] Ibid., p. 169.

[67] Jancso, op. cit., p. 115.

[68] Eckhart, op. cit., p. 171.

[69] Jancso, op. cit., p. 120.

[70] Peter, Erdély az európai politikában (Transylvanie dans la politique européenne), in : História 1986/2., p. 8.

[71] Jancso, op. cit., p. 123.

[72] Herczegh, op. cit., p. 37.

[73] Peter, op. cit., p. 9.

[74] Szilágyi, Adalékok Bethlen Gábor szövetkezéseinek történetéhez (Contributions á l’histoire des alliances de Bethlen), 1873, p. 5.

[75] Jancso, op. cit., p. 134.

[76] Marczali, op. cit., p. 111.

[77] Jancso, op. cit., p. 135.

[78] Szilagyi (dir.), Okmánytár I. Rákóczi György svéd és francia szövetkezéseinek történetéhez (Chartier à l’histoire des alliances de Georges Rákóczi avec les Français et les Suédois), 1873, p. 119.

[79] Ibid., p. 271-272.

[80] Ibid., p. 277.

[81] Ibid., p. 279.

[82] Ibid., p. 208-209.

[83] Marczali, op. cit., p. 119.

[84] Szilagyi, p. 264.

[85] Ibid., p. 267.

[86] Jancso, op. cit., p. 138.

[87] Marczali, op. cit., p. 127.

[88] Jancso, op. cit., p. 139.

[89] Eckhart, op. cit., p. 172.

[90] Péter, Erdély a vesztfáliai béketárgyalásokon (Transylvanie aux négociations de paix de Westphalie), in : Rubicon, 1997/2, p. 41.

[91] Ibid., p. 41.

[92] Ibid., p. 43.

 

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